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Entretien avec Dominique Gavage, membre du CA du COIB et à ce titre, membre de la taskforce ‘Women & Sport’ du COIB avec Dominique Monami et Gwenda Stevens. Ensemble, toutes trois agissent sur le terrain en faveur d’une plus grande égalité des genres dans le sport pour les quatre groupes cibles - athlètes, coachs, officials et administratrices. 

 Comment êtes-vous arrivée au niveau gestion, conseil d’administration?  

Ce nest pas hasard que j’ai postulé en tant qu’administratrice, dans un premier temps, au sein de la Ligue Belge Francophone d’Athlétisme (LBFA). C’est en 1988, en effet, que William Kevers, alors président de la LBFA, m’a contactée car il cherchait quelqu’un pour être membre de la Commission des affaires juridiques de la Ligue. Ensuite tout s’est enchaîné naturellement. 

Je fus donc la première femme administratrice de la LBFA. N’ayant que des frères, je n’ai jamais ressenti de problèmes à évoluer dans un monde essentiellement masculin. 

 Comment s’organise la répartition hommes-femmes au sein de votre fédération? 

J’ai postulé au fil des années en tant qu’administratrice au sein de différentes fédérations sportives et à l’heure actuelle, je suis administratrice du COIB et du BPC entre autres mandats. 

Au COIB, le Conseil d’administration compte 5 administratrices sur 19 membres. Au BPC, le rapport est de 2 sur 6. 

Y a-t-il des changements positifs en termes d’égalité des genres? Des mesures spécifiques ont-elles été prises? 

En octobre 2018, le Conseil d’administration du COIB a décidé de créer la taskforce Women & Sport’, composée d’hommes et de femmes, dans le but d’abord d’identifier les barrières qui empêchent les femmes athlètes de présenter leur candidature à un poste de management ou de direction en tant qu’administratrice, official ou coach et d’évoluer dans ces fonctions, pour ensuite développer une stratégie axée sur des solutions pratiques afin de contrer ces obstacles. 

Les enquêtes et actions qui ont été menées jusqu’ici ont permis notamment de constater chez les femmes un manque de confiance en leurs propres capacités et un manque de visibilité du sport féminin dans les médias en général. 

Dans le cadre de son plan d’action, la taskforce ‘Women & Sport’ a organisé en 2019 une formation autour du thème de la confiance en soi et dans le même temps, a également rencontré les médias francophones et néerlandophones afin de les sensibiliser au sport féminin. 

Toujours partant de l’idée qu’il est important et nécessaire d’accroître la visibilité du sport féminin et d’avoir des modèles pour que les jeunes puissent s’identifier, la taskforce a lancé en coopération avec les Game Changers la plateforme Empowering Women in Sports pour permettre aux hommes et femmes du monde sportif de faire part de leurs expériences. 

Progressivement, la vision d’une plus grande égalité entre hommes et femmes pour nos quatre ‘cibles’ - athlètes, coachs, officials et administratrices -tend à s’affirmer.  

Pour faire évoluer les mentalités, la taskforce ‘Women & Sport’ se mobilise aussi au niveau européen et national, en participant à des groupes de travail et des colloques, en répondant à des interviews. 

Ces différentes actions ont pour but de construire de manière positive une meilleure collaboration, plus équitable, en faveur d’une plus grande égalité des genres.  

Au sein de la taskforce “Women & Sport” du COIB, il y a un focus sur l’égalité des genres. Quelles actions faudrait-il alors entreprendre? 

De nombreuses actions sont encore nécessaires au niveau de nos quatre groupes cibles sur le plan financier, sur le plan de la reconnaissance, de la discrimination, du respect, de la visibilité dans les médias, du networking, d’une meilleure communication, d’une répartition des postes sur base des compétences, et j’en passe. 

Depuis plusieurs mois, le travail de la taskforce est malheureusement au ralenti en raison de la crise sanitaire mais nous regorgeons d’idées pour l’avenir. 

Quel rôle jouent les médias dans ce contexte, surtout par rapport à la sensibilisation? 

Les médias ont un rôle très important à jouer. Les sponsors ne veulent signer des contrats avec les femmes athlètes que s’ils ont des retombées médiatiques et du retour sur investissement. Les médias ne parlent pas du sport féminin car l’audience est moindre. 

Pourtant, d’après les enquêtes que nous avons réalisées, le public souhaiterait voir plus de sport féminin. Il y a clairement une demande en ce sens, en faveur d’une plus grande visibilité. 

Tant les médias francophones que néerlandophones nous ont fait savoir que, pour les Jeux Olympiques et Paralympiques, la couverture médiatique serait la même pour les sports masculins et féminins. C’est une évolution très positive. 

Comment voyez-vous l’avenir? 

Je vois l’avenir de façon positive. Je suis persuadée qu’en travaillant en parfaite intelligence avec toutes les parties concernées, nous arriverons à faire changer les mentalités. Le sport qui a encore une image très machiste doit montrer l’exemple. Le sport véhicule de magnifiques valeurs et avec le respect de l’autre, l’égalité des genres en est une parmi d’autres.